Et si vous intégriez la santé dans la conception de tout projet ?

Aujourd’hui, face à la montée des maladies chroniques, des troubles de la santé mentale, et des défis environnementaux, la santé ne peut plus être reléguée au seul champ médical. Chaque domaine, architecture, alimentation, mobilité, technologie, a un rôle à jouer. Cette prise de conscience donne naissance à une approche novatrice : le Santé-by-design * (terme non officiel). Elle consiste à intégrer la santé, au sens large du terme, dès les premières étapes de tout projet. Et si chaque décision de conception était aussi un acte de soin ?

*Le concept de "Santé-by-design", bien qu'encore peu utilisé tel quel dans la littérature, désigne une approche transversale qui s’inspire de courants existants tels que le Health-Centered Design, le Salutogenic Design ou encore la politique Health in All Policies. Il propose d’intégrer la santé humaine, mentale, sociale et environnementale comme critère dès la phase de conception de tout projet, produit, service, bâtiment ou organisation.

Le “Santé-by-design”, une approche systémique et préventive

Le Santé-by-design ne se contente pas de répondre à des problèmes une fois qu’ils sont là : il les anticipe. Cette approche holistique repose sur une question simple mais puissante : “Quels impacts mon produit, mon espace ou mon service aura-t-il sur la santé physique, mentale, sociale et environnementale des individus ?” Cela suppose un changement de paradigme : penser la santé comme un critère de qualité à part entière, au même titre que l’ergonomie, l’esthétique ou la durabilité.

Ce concept s’ancre dans la pensée systémique. Par exemple, dans un bâtiment, la manière dont on gère l’humidité, la lumière, les matériaux ou l’insonorisation influence directement le sommeil, le stress ou la concentration de ses occupants. De même, dans un service numérique, la fréquence des notifications ou la palette de couleurs peut encourager ou entraver la régulation émotionnelle.

Architecture : concevoir des espaces qui soignent

Prenons l’architecture, premier terrain d’expérimentation du Santé-by-design. Des études montrent que l’exposition à la lumière naturelle améliore la qualité du sommeil, réduit la dépression saisonnière, et booste la productivité. Des matériaux non toxiques, une ventilation bien pensée et des espaces végétalisés limitent la pollution intérieure, aujourd’hui 5 à 10 fois plus élevée que celle de l’extérieur (source : OMS).

Certaines écoles intègrent déjà ces critères pour améliorer l’apprentissage, tandis que des hôpitaux “healing design” optimisent la récupération post-opératoire grâce à la vue sur la nature ou la réduction du bruit. Ce n’est plus seulement de l’architecture : c’est de la prévention en action.

Alimentation : de la nutrition au levier d’impact sociétal

Le design de l’alimentation aussi peut être transformé. Ce que nous mangeons influence non seulement notre santé métabolique, mais aussi nos émotions, notre immunité et même nos comportements sociaux. En pensant “santé” dès la conception d’un produit alimentaire, on réduit les additifs nocifs, on favorise les circuits courts, on privilégie des emballages sains et écologiques, et on facilite l’accès à une alimentation équilibrée pour toutes les catégories sociales.

Selon l’INRAE, la grande majorité des maladies chroniques est aujourd’hui liée à l’alimentation. Le Santé-by-design permet de sortir du prisme culpabilisant du consommateur et de responsabiliser aussi les producteurs, les restaurateurs et les distributeurs.

Technologie : vers un design numérique plus responsable

La technologie a un pouvoir immense sur notre santé mentale, cognitive et relationnelle. Or, aujourd’hui, de nombreuses applications sont conçues pour capter notre attention plutôt que pour respecter notre équilibre. Le Santé-by-design appelle ici à créer des outils numériques qui soutiennent les rythmes biologiques, favorisent des pauses, facilitent la concentration ou encouragent la reconnexion à soi.

Des exemples émergent déjà : des montres connectées qui rappellent de respirer, des plateformes qui intègrent le “mode focus”, des interfaces pensées pour éviter la surcharge cognitive. La question est : la tech peut-elle être soignante ? Oui, si elle est pensée avec cette intention dès l’origine.

Un levier de différenciation et de responsabilité pour les entreprises

Intégrer la santé dans la conception des produits et services ne relève pas seulement de l’éthique, mais aussi de la stratégie. Les consommateurs attendent désormais des marques qu’elles soient porteuses de sens. Selon une étude Harris Interactive (2023), 76 % des Français considèrent que les entreprises ont un rôle à jouer dans la santé publique. Une offre pensée sous l’angle du Santé-by-design devient ainsi un facteur d’attractivité, de fidélisation et d’impact sociétal positif.

Au lieu de penser “compliance santé”, les entreprises peuvent penser “opportunité santé” : un nouveau critère d’innovation, un avantage compétitif, un outil d’engagement.

Et si tout projet devenait un projet de santé ?

Repenser la santé comme un prisme de conception, c’est sortir d’une vision cloisonnée et curative pour aller vers une culture de la prévention, du soin et de la régénération. Que vous soyez designer, entrepreneur, architecte ou dirigeant, vous avez le pouvoir d’intégrer la santé dans vos décisions.

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